
♫ Prète-moi ton plumeau ♫
♪ Mon ami Hubert ♪
♫ Pour effacer un mot...! ♫
♪ Déssine-moi plutôt sur la poussière lunaire ♪
♫ La planète naine Pluton ♫
Jean-Pierre Luminet : Les astéroïdes regorgent de métaux purs et précieux, tels l'or, le platine, le cobalt, et ce, en quantité dix à cent fois supérieure à celle que nous pouvons trouver dans des mines terrestres. Certains de ces innombrables cailloux qui pullulent entre Mars et Jupiter s'approchent de la Terre, il s'agit de "géocroiseurs". Quand ils passent près de l'orbite lunaire à 400.000 km de la Terre, ils deviennent alors plus facilement exploitables. La première entreprise industrielle qui s'est créée à ce propos, Planetary Ressources, estime que l'exploitation de ces astéroïdes sera rentable d'ici à 10 ans. L'idée est d'envoyer d'abord des petits satellites capables de repérer des géocroiseurs exploitables, notamment via les vols SpaceX du milliardaire Elon Musk. Ces mini-vaisseaux spatiaux pourront ensuite étudier à distance la composition chimique de leur surface, il suffira alors d'envoyer des robots pour extraire les ressources minières et les ramener sur Terre.
Sandrine Chauvin : Quels sont les minerais les plus attractifs ?
Jean-Pierre Luminet : Les scientifiques ont repéré dans ces astéroïdes la présence de métaux très précieux, qu'on appelle les "terres rares". Scandium, cérium, samarium, lanthane... ces métaux sont inconnus du grand public, mais ils sont indispensables à la fabrication de nos smartphones, des composants électroniques ou encore des écrans. Leurs gisements terrestres sont très limités, leur extraction difficile, coûteuse et surtout très polluante, alors qu'ils sont en grande quantité à la surface de ces astéroïdes. Il sera donc plus rentable d'aller les chercher à 50.000 km de la Terre qu'à plusieurs kilomètres de profondeur. Ces métaux sont dits "stratégiques" car ils représentent un potentiel économique gigantesque.
Sandrine Chauvin : Et sur la Lune, quelles sont les opportunités économiques ?
Jean-Pierre Luminet : La lune est recouverte d'une couche de poussière qui s'accumule depuis des milliards d'années, appelée le régolithe. Elle est constituée à 40% d'oxygène, 20% de silicium, 13% de fer, mais aussi de bauxite pour en extraire l'aluminium, ou encore de titane. La lune dispose aussi en abondance d'un élément incroyable rare : l'hélium 3. Quasi inexistant sur Terre, cet isotope de l'hélium ordinaire est apporté en grande quantité par le vent solaire qui bombarde la Lune. Il présente des applications capitales à la fusion nucléaire contrôlée, sans produire aucun déchet radioactif. Processus encore mal maîtrisé, mais qui devrait l'être dans deux ou trois décennies. Les prochains êtres humains à aller sur la lune seront sûrement les Chinois, à la fois pour montrer leurs avancées technologiques, mais aussi en vue d'exploiter toutes ces ressources minières. Avec son programme Chang'E, la Chine anticipe d'ailleurs une exploitation commerciale de l'hélium 3 à l'horizon 2030. En 2015, au Salon du Bourget, une entreprise russe a montré la maquette d'une base lunaire entièrement robotisée, destinée à l'exploitation des ressources minières, dont l'hélium 3. C'est dire si tous ces projets sont déjà très avancés.
Sandrine Chauvin : L'exploitation minière de la lune et des astéroïdes est-elle dangereuse pour l'équilibre de notre système solaire ?
Jean-Pierre Luminet : Non, l'utilisation de la poussière de lune ne nuira pas à notre système solaire. Se pose en revanche la question des robots qui resteront sur place une fois qu'ils ne seront plus en état de marche et qui ne seront jamais ramenés sur Terre. A terme, l'ambition est évidemment la colonisation de la lune pour y installer des bases, d'abord scientifiques et industrielles afin d'exploiter les ressources minières et effectuer des travaux de recherche. Pour l'heure, beaucoup de projets ont été abandonnés à cause du coût et des difficultés technologiques.
Sandrine Chauvin : Où en est l'Europe dans cette conquête spatiale ?
Jean-Pierre Luminet : Les Européens sont plus frileux et plus prudents vis-à-vis de l'exploitation des ressources minières de l'espace. L'agence spatiale européenne a annoncé vouloir créer une base sur la lune. Les enjeux sont avant tout scientifiques et les retombées commerciales considérées comme secondaires, contrairement aux objectifs déclarés des Russes, des Chinois ou des Américains. Attention toutefois à ne pas prendre trop de retard ! L'exploitation de la lune sera l'une des clés de la puissance économique dans la seconde moitié du 21ème siècle.
Sandrine Chauvin : Avons-nous une idée du potentiel économique des ressources minières disponibles dans l'espace ?
Jean-Pierre Luminet : Les entreprises qui se sont créées, comme les Américaines Deep Space Industry (DSI) ou Planetary Ressources, ont réalisé des études de marché. Par exemple, 1 km3 d'astéroïde représente une valeur potentielle de 1000 milliards d'euros en matières premières. Évidemment, il faut tenir compte des coûts d'exploitation. Mais le potentiel économique est absolument considérable. A l'horizon 2050, certains experts ont estimé que l'exploitation des ressources minières spatiales pourraient générer quelque 100 milliards de dollars de revenus ! Sur la lune, les études montrent qu'il suffirait de charger deux navettes spatiales d'hélium 3, à raison de 40 tonnes chacune, pour fournir une année d'électricité à un pays comme les États-Unis. On comprend mieux pour la Russie et la Chine s'y intéressent... et accélèrent. Car dans l'espace, où la législation internationale est encore floue, la règle est très simple : "premier arrivé, premier servi !"
Astronomie, Posté le mercredi 27 mars 2013 12:20
anymoi a écrit : "
"Pourquoi ?